Artiste plasticien autodidacte et neuroatypique, Octavio Rüest est né à Montpellier (France) en 1987. Il vit et travaille à Montréal depuis 2003. Il y fait l’expérience profonde des inégalités sociales. Un processus d’immigration au ralentit le contraint au travail illégal dans des chantiers et usines. Ces cinq années marquent une époque charnière dont l’impact transparait dans son travail actuel. Néanmoins il continue d’affiner sa pratique du dessin et diversifie ses interventions dans l’espace public pendant plus de vingt ans. Par ailleurs, il approfondit l’apprentissage de la peinture décorative auprès d’un maître de l’école flamande Van Der Kelen. Actuellement, Il présente son travail sous forme d’estampes, de livres d’artiste et de murales. De plus, ses dessins sont publiés dans la revue Liberté. Tandis qu’il poursuit actuellement ses études à l’université Concordia en Arts imprimés, il continue de produire des œuvres d’art public et intervient en tant que médiateur artistique auprès de divers organismes locaux. Son travail traite de l’interconnexion entre les questions sociales et environnementales. Il aborde son processus de création comme un moyen de réflexion sur ces enjeux universels. Malgré l’amélioration de la condition humaine de ses contemporains, il constate que l’accroissement des inégalités est intrinsèque à la surexploitation des individus et de l’environnement ainsi qu’à sa transformation. L’impact du travail nécessaire pour répondre aux besoins actuels de surproductivité engendre d’énormes souffrances inutiles à ses yeux. Il s’intéresse à ces corps invisibilisés, meurtris et distordus par le travail qui gruge et transforme la nature du même coup. Pour lui, la matière témoigne de notre passage. Dans sa façon de s’agréger en amas pour finalement constituer nos milieux de vie et nos corps, elle transmet des fragments d’informations. Il aborde le dessin au trait comme un moyen de retranscrire le caractère sensible, rugueux et imparfait qui teinte ses sujets. La ligne devient un outil de transgression lui permettant d’instaurer des récits alternatifs aux discours prédominants. Il exprime ainsi sa voix dissonante face à une plasticité lisse qui domine abondamment son époque.