Les intentions qui sous-tendent ma production artistique se manifestent à travers une variété de matériaux, de médiums, et de stratégies artistiques. Je suis une artiste multidisciplinaire qui explore aussi bien la dimension 2D que 3D. Toutes mes créations convergent vers mes préoccupations environnementales, principalement centrées sur l’eau, et plus largement vers l’expression du lien entre les êtres humains et la nature. Je privilégie souvent l’utilisation de matériaux récupérés tels que des bouteilles d’eau vides en plastique, des magazines périmés, des journaux, des parapluies, etc. Ces choix de matériaux, détournés de leur statut de déchet, s’inscrivent dans le mouvement du surcyclage, soulignant ainsi l’interconnexion de tout ce qui se passe sur notre planète, avec des répercussions potentielles sur l’ensemble de l’écosystème terrestre.
En 2007, une expérience de résidence artistique en Antarctique a profondément marqué mon engagement artistique et ma conviction de contribuer, à travers mon travail de création, à mettre en évidence la dégradation du climat et ses conséquences sur l’humanité. En 2008, j’ai créé l’œuvre “Rafraîchir l’idée du Monde”, où le public pouvait observer en direct la fonte d’une sculpture de glace installée sur une place publique, depuis l’intérieur d’une galerie d’art, via une caméra web. Cette installation dans deux lieux distincts évoquait de manière poétique la fonte des glaciers polaires.
L’actualité environnementale constitue pour moi une source d’inspiration constante, incitant à la création tout en éveillant les consciences sur les liens entre nos modes de vie et l’état de nos écosystèmes environnants. J’aime utiliser l’espace public comme une scène pour présenter mon travail, rendant ainsi l’art accessible à tous. De plus, j’intègre occasionnellement la participation citoyenne pour enrichir le sens de mes œuvres en cours de réalisation, favorisant ainsi l’accessibilité à l’art.
Je recours fréquemment à l’assemblage pour créer des sculptures, telles que “Haro sur la rivière”, “Haro sur l’Yonne”, “Sisyphe”, “LifeStream” et “Les vases communicants”. À travers l’utilisation reconnaissable de bouteilles d’eau en plastique à usage unique, je souhaite mettre en évidence le paradoxe entre le contenu essentiel à la vie qu’elles renferment et le fait qu’elles polluent nos environnements naturels, tout en contribuant à la contamination de la chaîne alimentaire par des nanoparticules. Ces bouteilles en plastique à usage unique représentent pour moi des artefacts de notre ère de mobilité et de surconsommation, devenant ainsi des symboles centraux dans mon travail.
De manière occasionnelle, j’utilise des parapluies car ils symbolisent des instruments de protection contre les aléas climatiques. Leur assemblage ou leur transformation résonne harmonieusement avec mon discours environnemental, comme en témoignent les œuvres “Effet de Terre”, “Suspendre le temps” et “Un mot pour la Terre”.
En tant qu’artiste, ma démarche vise à offrir un regard lucide sur l’état de notre environnement naturel à travers des œuvres poétiques qui, au premier abord, captivent par leur esthétique séduisante. Ces matériaux du quotidien, détournés de leur contexte, servent de point d’entrée aux observateurs, espérant ainsi susciter une réflexion chez eux. Mon travail constitue une sorte d’éditorial poétique sur les préoccupations liées à l’eau douce et marine, ainsi qu’à la réalité climatique et environnementale. Au-delà de la prise de conscience, j’aspire à ce que mes créations encouragent un changement dans nos habitudes de consommation et offrent une perspective réaliste sur notre époque.