Née à Ormstown au Québec, Anne-Marie Giroux vit et travaille à Montréal. Détentrice d’un baccalauréat en beaux-arts de l’université Concordia et récipiendaire de plusieurs bourses (Conseil des arts du Canada, Conseil des arts et des lettres du Québec, Office National du Film du Canada, Prim Centre d’Artistes), Anne-Marie Giroux est une artiste visuelle indépendante qui a travaillé une douzaine d’années dans la création d’œuvres chorégraphiques multidisciplinaires intégrant la danse contemporaine, la sculpture, l’image cinématographique et vidéographique ainsi que le son dans un même espace scénique avant d’axer sa pratique sur les arts visuels. Sa démarche artistique se concentre sur la création de projets qui se manifestent à travers la relation qu’elle cherche à établir entre les pratiques de la peinture, de la sculpture et de l’installation. Elle s’intéresse d’abord à l’expression poétique, qui, en amont du travail pictural ou sculptural, permet de jeter les bases aux explorations formelles pour ensuite métamorphoser la matière. Au coeur de sa recherche, le « corps-matière », qu’elle définit à travers une volonté d’établir une corrélation entre corps, matériau, objet, état d’être et mouvement.
En 1991, elle coréalise avec Sylvain Delisle, Roland Goguen et Marlene Millar, la vidéo-danse LE TOIT. Diffusée à Montréal, en France, en Belgique et en Espagne, la vidéo reçoit une Mention Spéciale du Jury au Festival International Cidade de Vigo en Espagne en 1993. En 1995, elle signe, présente et interprète sur scène le solo PASSAGE, une oeuvre intégrant la danse, la sculpture et l’image cinématographique. Suivra ensuite le duo MODULUS 5 (1997) créé en étroite collaboration avec l’artiste peintre et sculpteur Jérôme Poirier. Combinant danse et sculpture, l’œuvre est interprétée sur scène par les deux artistes. En 1999, elle entreprend AUBE ET CRÉPUSCULE, une œuvre intégrant la danse, la sculpture et le son et interprétée par les danseurs Rachel Harris, Robert Meilleur et Maya Ostrofsky, AUBE ET CRÉPUSCULE est présentée en première à Montréal au Studio de l’Agora de la Danse en novembre 2001.
En 2008, suite à un séjour effectué en Chine dans la ville de Kaifeng, l’artiste crée deux séries de peintures intitulées ROUGE (2008-2009-2010) et KAIFENG, CHINA (2010). Sans toutefois suivre une thématique précise pour les deux séries, elle oriente sa recherche vers l’exploration des multiples interprétations que peut lui inspirer un même sujet. À la fin de l’année 2010, elle présente les deux séries de façon non officielle dans un atelier d’artiste à Montréal.
En 2011, grandement inspirée par la forêt abitibienne (nord du Québec), où elle séjourne à plusieurs reprises sur une période de six ans, elle entreprend les séries SI UN ARBRE J’ÉTAIS et FORÊT MORTE. Pour la première série, intitulée SI UN ARBRE J’ÉTAIS, l’artiste fusionne le corps et cette matière qu’est le bois dans une abstraction qui évoque plus un état d’être qu’une représentation figurative. Elle semble isoler un fragment du corps en mouvement qui se délaisse de son esthétique habituelle pour arborer des allures végétales. Tels des autoportraits, l’être et l’élément de la nature ne font qu’un. Dans la seconde série, l’artiste propose une série de natures mortes, composée de sylves peintes, de vestiges de la forêt abitibienne et de d’objets trouvés dans la rue. FORÊT MORTE évoque davantage l’idée de la potentielle vulnérabilité de la forêt : comme une énorme présence qui pourrait toutefois un jour se fragiliser, voire complètement disparaître. La série SI UN ARBRE J’ÉTAIS peut référer à la fois à un état passé ou présent du corps tandis que la série FORÊT MORTE tend vers ce qui a déjà vécu, ce qui a déjà existé. En 2013, elle regroupe les deux séries et présente sa première exposition individuelle intitulée QUAND LA MATIÈRE PREND CORPS à l’Espace Projet à Montréal.
En 2014, l’artiste entreprend la série DÉRIVE. Cette première série propose un univers chaotique où la dérive de l’être humain s’exprime de façon abstraite, poétique et symbolique. À travers un concept évolutif, elle fusionne le corps et la matière dans une poésie abstraite, où le jeu des couleurs vives et joyeuses entre en contraste avec le regard critique sur la dérive humaine qui se dévoile progressivement à travers le processus créatif. Ici, corps et matière sont étroitement liés dans un engrenage auquel ni l’un, ni l’autre, ne peut s’en dégager. Suivra la série À LA DÉRIVE, qui a pris forme en 2017. Cette seconde série propose un questionnement moqueur sur la pertinence de l’essence même de l’objet en art ainsi que sur la pertinence d’être artiste. Avec une touche d’humour, de poésie et de sarcasme, l’artiste explore certains thèmes, références, sujets et objets qui la côtoient dans son atelier et qui font partie intégrante de son processus créatif au quotidien. En octobre 2018, elle combine les deux séries et présente l’exposition DÉRIVE À LA DÉRIVE à la Galerie ERGA à Montréal. Cette expérience lui permettra de poursuivre sa recherche et de pousser l’exploration tridimensionnelle en créant l’installation DÉRIVES PHASE I en janvier 2019. L’installation est sélectionnée et présentée à la foire d’art contemporain ARTIST PROJECT à Toronto en février 2019. En septembre de la même année, l’œuvre tridimensionnelle Dérive à la dérive no.1, faisant partie de l’installation DÉRIVES PHASE I, est sélectionnée pour l’édition biennale du concours Salt Spring National Art Prize en Colombie-Britannique.
S’ensuivra, par la suite, la création du projet d’installation DÉRIVES À LA DÉRIVE PHASE II. C’est durant le premier confinement Covid-19, au printemps 2020, que l’artiste décide de poursuivre sa recherche et ses explorations tridimensionnelles. Une des particularités du projet vient d’un désir de pousser plus loin les pratiques de la peinture et de la sculpture. Sur une période de trois mois, elle se met au défi de composer avec la matière environnante qui l’entoure dans son atelier, que ce soit avec les fragments de peinture à l’huile qui ont séché et qui se sont accumulés, les plâtres, les ciments et les enregistrements sonores créés pour des projets antérieurs, les matériaux et les objets qui se sont entassés dans l’atelier. Des « débris » qui, au fil des ans, sont devenus les représentants matériels de sa pratique artistique. En décembre 2020, durant le second confinement, elle profite également d’une résidence d’artiste, à la Galerie ERGA à Montréal, qui lui permet de peaufiner le travail et d’expérimenter in situ.
Composée d’un corpus d’œuvres en trois dimensions et d’un univers sonore créé à partir de captations de sons naturels, l’installation se présente telle une nature morte, tridimensionnelle, invoquant l’écho d’une mémoire fragmentée de multiples « autoportraits » de l’artiste et de son art, à la dérive. Une mise en espace poétique et minimaliste, faisant appel à ce qui a existé et ce qui existe encore, mais qui se fragilise. En avril 2023, l’installation est présentée pour la première fois chez PRODUIT RIEN à Montréal.
Depuis 2013, Anne-Marie Giroux participe à des expositions aux États-Unis, au Canada, en Suisse et en Corée du Sud. Ses oeuvres font partie de collections publiques et privées notamment au MONA, Museum of New Art à Détroit. En 2021, elle est sélectionnée «Artist to Watch» par le magazine berlinois ArtConnect. En 2022, elle présente sa première exposition individuelle internationale, intitulée FRAGMENTS, au Musée CICA en Corée du Sud.
Anne-Marie Giroux travaille actuellement sur plusieurs projets – COMPOSITIONS, MAIN GAUCHE – MAIN DROITE et NOCTURNES.