Trois souhaits contre la précarité des artistes en arts visuels au Québec - Karine Locatelli

Merci a Karine Locatelli, artiste membre étudiante au RAAV, de présenter son point de vue sur le fait que les formations universitaires en arts ne préparent peu ou pas les étudiants quand il est question de gestion de carrière, partie toute aussi, si ce n'est plus, importante que la 'recherche et création'.

Découvrez son témoignage dans leDevoir :

La précarité ambiante me fait mal. Je veux cependant me pencher ici sur celle que je connais très bien et que je constate autour de moi. Celles des artistes en arts visuels. Je veux livrer ici trois tristes constats, mais aussi des solutions très concrètes pour augmenter la qualité de vie des artistes en arts visuels au Québec.

Premier constat, une radio d’État qui considère que le travail des artistes en arts visuels de métier n’intéresse personne. Malheureusement, je constate qu’on accorde davantage d’attention à l’humoriste qui se met à la peinture qu’à l’artiste qui rayonne ici et à l’étranger. Je pense qu’il y a un impact énorme, alors que ces derniers restent complètement underground, malgré leur succès dans le milieu et la qualité de leur travail.

Second constat, la lourde bureaucratie. Les subventions et les appels de candidatures impliquent des heures innombrables impayées. Formuler ces demandes est souvent même complexe pour moi, qui détiens une maîtrise. Je n’imagine pas le calvaire des artistes dyslexiques qui ont des capacités de lecture et d’écriture plus limitées. Pourquoi ne pas réduire cette bureaucratie davantage adaptée à la réalité d’artiste et qui serait tout aussi gagnante pour ceux qui en font l’analyse ?

 
Troisième constat, je me rends compte que les formations en arts visuels universitaires ne préparent pas à la vie d’artiste. Plus de la moitié du travail n’est pas de créer. Il faut savoir gérer sa présence sur le Web, communiquer à la caméra, par l’écrit, entreposer, documenter en photo, transporter ses oeuvres, etc. Bref, être entrepreneur ! Je comprends l’idée de la recherche pure en milieu universitaire. Cependant, je pense que les récents diplômés universitaires en art sont trop souvent dépressifs et peu outillés pour concrètement connaître les codes de ce vaste milieu et pratiquer ce métier.

Pour clore mes propos et commencer la nouvelle année, je nous souhaite une radio d’État fière de ses artistes, une bureaucratie allégée, des écoles d’art qui soutiennent les futurs artistes, qui seront aussi des entrepreneurs.

Sources

 

Nous soutenons au Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV) de nombreux artistes, qui bien que très talentueux se retrouvent perdus dans les dédales qu’une bonne gestion de carrière artistique implique : contrats et gestion des droits d’auteurs, demande de subventions, marché de l’art, fiscalité, archivage, présence numérique…

Nous sommes heureux de pouvoir outiller les artistes en arts visuels mais combien se font avoir ou s’épuisent avant ? Et vous ? quel est la compétence en gestion de carrière que vous auriez aimer apprendre a l’école?