C’est en 2018 que j’ai eu la joie de rencontrer la peintre Rodica Vinca, alors qu’elle m’a gentiment
invité à visiter son atelier à Montréal. Dès les premières oeuvres, j’ai été impressionnée par la dynamique
spectaculaire des chromatiques dans les grandes compositions.
Dans les toiles de Rodica Vinca, rien n’est laissé au hasard: les taches superposées transforment une
agglomération apparente d’éléments plastiques en jardins suspendus luxuriants, rappelant ceux de l’antique
Sémiramis. Des ruisseaux tourbillonnants se frayent un chemin à travers des bordures vertes, ou des basaltes chauffés par la lumière du coucher du soleil.
En travaillant principalement l’acrylique sur toile, bien que la technique de l’huile ne lui est pas
étrangère, Rodica Vinca met en valeur les qualités isophanes des couleurs, obtenant ainsi une brillance
uniforme sur toute la surface de composition et en utilisant des nuances opposées du spectre chromatique
faisant appel aux trois groupes complémentaires.
Bien que l’acrylique ait une certaine opacité et est souvent utilisée de manière décorative, Rodica
Vinca a découvert certains secrets par lesquels elle crée des émaux avec une netteté comparable à la transparence des pétales de lys dans les premiers rayons du soleil, ou avec la clarté des vagues semblable aux
profondeurs des glaciers.
Que ce soit dans la figuration ou dans l’abstraction, l’artiste construit de véritables symphonies chromatiques luxuriantes, dans lesquelles les tons les plus divers de bleu, orange ou violet, vert et rouge s’harmonisent en juxtaposant des gris colorés, disposés en un discret jumelage, qui n’isole aucune zone dominante
ou d’intérêt. L’ensemble de la composition est transposée dans un beau vitrail évanescent, qui cache l’âme
riche et tumultueuse de l’artiste.
Rodica Vinca fait partie d’une petite catégorie d’artistes authentiques, avec un sens inné de la couleur et une grande intelligence artistique. Cette intelligence est évidente dans la précision de la vision plastique et l’élaboration de la composition, mais surtout dans la subtilité de la modulation des couleurs.
Petre Ilie Birau | Critique d’art PHD
Prof. Université Timisoara Ro