Maude explore présentement l’univers marin, inspirée par son emménagement en Gaspésie. Elle cherche à atteindre le plus grand niveau de réalisme possible en travaillant à partir de photos de référence, dont la saturation et la brillance des couleurs ont été préalablement modifiés, pour en retirer un maximum d’intensité. Elle explore ainsi différentes approches, parfois très lisses et parfois en laissant apparaitre le coup de pinceau plus expressif. Elle privilégie l’utilisation d’images remplies de lumière, en contraste fort. Par l’utilisation de gros plan dramatique et saturé, elle prend l’observateur à témoin de bouleversements plus grand que lui afin de permettre la réflexion que chaque fragilisation du milieu animal aura un impact sur l’observateur. Il s’agit de forcer les liens entre la communauté, l’assiette et l’environnement. De souligner l’interdépendance des individus, des communautés et de cet environnement.
Elle intègre des éléments incrustés dans ses sujets, qui s’inspire de ses emplois comme tatoueuse et comme intervenante. Ces éléments figuratifs sont généralement en lien avec l’animal ou son contexte de vie alors que dans certaines peintures, les éléments sont historiques ou mythiques. Ses créatures deviennent donc porteuses de sens et chargées d’histoire. Elle privilégie les rencontres et la médiation culturelle afin d’améliorer la qualité conceptuelle de son travail artistique et permettre de faire des ponts entre sa pratique professionnelle comme intervenante auprès des hommes vivant des difficultés et sa pratique artistique.
Chaque animal est nommé́ pour assumer un aspect anthropomorphique, ancrant l’observateur dans la reconnaissance d’être en présence d’un être vivant, exposant son passé ou son futur. Par une approche figurative, l’accès au message est facilité et permet de rejoindre le plus grand nombre, en ayant toujours cette préoccupation particulière de s’adresser à des acteurs clé de cette chaine, souvent éloignés des centres artistiques. Adapter le langage visuel au message permet des échos réels, des discussions et des partages. C’est au travers ces prises de consciences qu’une mobilisation concertée peut prendre vie et s’inscrire en continuité avec le travail plastique. La mise en images de mémoires vivantes, de processus d’adaptation et de tragédies à grande échelle comme à échelle humaine peut ainsi devenir une archive gaspésienne a l’image de sa communauté passée, actuelle et future. Une mise en garde et une mémoire collective d’une communauté fragilisée et résiliente, mais toujours en relation avec son règne animal.