Je suis artiste professionnelle depuis plusieurs d’années. Diplômée de Concordia en 2015 en painting/drawing, ma pratique s’est toujours déployée davantage aux États-Unis, où je vis d’ailleurs à temps partiel, et ce, depuis plus d’une décennie.
Je me partage donc entre Montréal, où j’ai mon atelier principal au 3333 Crémazie (l’usine récemment achetée par Marc Séguin et transformée en suites d’ateliers créatifs), et entre les montagnes Blue Ridge de la Virginie, dans un petit village nommé Lexington, où je crée la moitié de l’année et d’où je voyage pour faire des expositions principalement en Floride, à Washington et dans les États de New York et du Texas.
Mon principal sujet pictural depuis les sept dernières années reste ancré dans la nature, surtout sa flore, et le mysticisme féminin s’y rattachant.
Je suis toujours émue et infiniment inspirée par les diverses déclinaisons, tant au niveau formel que symbolique, que la forme végétale peut prendre et l’espace qu’elle m’offre pour y explorer l’abstraction, le symbolisme et la couleur.
Je suis certes peintre au sens classique du terme, mais ma pratique reste contemporaine étant donné les thèmes actuels et valables qu’elle aborde. La peinture, bien qu’analogue, est porteuse d’un sens plus que jamais nécessaire dans notre monde froid qui s’articule de plus en plus autour de la technologie et du numérique. Par sa nature archaïque, la peinture soulève de grandes questions quant aux liens qui s’établissent entre le monde naturel et celui des arts.
Je suis née d’un père immigrant vénézuélien qui me parle depuis ma tendre enfance de ses jungles et de ses jardins perdus (à cause de son exode au Canada), et d’une mère québécoise, nièce du Frère Marie-Victorin (auteur de la Flore laurentienne), pour qui l’amour du terroir et du macrocosme sont choses familiales et intimes. Ces lègues culturels, quelque peu fragmentés, m’ont poussée à faire le pont entre mes deux identités en passant par l’exploration visuelle du paysage d’origine de chacun de mes deux parents. Je tente par le fait même de combler la nostalgie d’un territoire inconnu, une émotion commune chez les enfants de parents immigrants.
Le gros de mon travail est présenté et vendu dans des expositions aux États-Unis. Cependant, je cherche toujours ma voie au Québec, car j’ai longtemps eu l’impression, après l’obtention de mon diplôme, que mon travail ne trouvait pas son espace ici compte tenu que la scène contemporaine semblait, du moins il y a quelques années, tendre surtout vers le numérique ou le purement conceptuel. La facture de mes œuvres et leur mandat, versant plutôt dans le brut ou le romantisme, contrastaient avec ces tendances. .
Néanmoins, je sens l’air du temps changer avec l’émergence de femmes artistes québécoises inspirantes qui articulent leurs recherches autour de l’environnement, du contemplatif, prônant même un retour vers l’éloge de la beauté (quel courage!) et de la douceur.