Née à l’île Maurice d’ethnicité sino-mauricienne, j’ai grandi dans une famille qui a préservé certaines valeurs héritées de nos ancêtres chinois, tout en étant immergée dans l’influence complexe des anciennes colonies française et anglaise. Ce métissage culturel m’a très tôt poussée à interroger les notions d’identité et d’appartenance, particulièrement en tant que Mauricienne issue d’une culture créole façonnée par un passé colonial. Inspirée par la pensée d’Édouard Glissant, notamment sa notion d’errance identitaire, j’ai développé une démarche qui questionne notre attachement à la terre, une quête vers un “chez-soi” symbolique.
Après des études collégiales et deux années sabbatiques, j’ai choisi le Canada comme terre d’accueil, où j’ai obtenu un baccalauréat en arts visuels avec une spécialisation en dessin et peinture, et une mineure en musique à l’Université d’Ottawa. Ce parcours universitaire a été suivi d’une formation en enseignement des arts visuels et de la musique, me permettant de transmettre ma passion pour l’art et de guider mes élèves dans l’exploration de leur propre identité artistique.
Mon travail artistique puise dans les écosystèmes et les éléments naturels de ma terre natale, Maurice, et de ma terre d’accueil, le Canada. Ces paysages et faunes symbolisent la complexité de l’identité diasporique et la dualité entre ancrage et déracinement. Caroline Déodat, dans son ouvrage Dans la Polyphonie d’une Île, aborde cette notion de diversité culturelle et identitaire que je cherche à exprimer dans mon art. Mon projet Vers une Terre d’Ancrage explore ainsi la possibilité de réinventer un espace de liberté où mon identité peut s’épanouir, en rupture avec les assignations héritées du passé colonial.
À travers mes œuvres, j’aspire à offrir un espace où chacun peut interroger et revaloriser son identité, libéré du regard colonisateur. Mon ambition est de susciter un dialogue autour de la mémoire et de la résilience, et de permettre aux spectateurs de réimaginer leur propre lien à la terre et à l’histoire.