L’observation de la nature en évolution est au centre de ma démarche artistique. Je m’intéresse aux traces qui marquent les étapes de sa transformation et qui semblent figer dans le temps ces états passagers pour mieux en saisir le sens et en proposer une vision poétique.
Par la pratique de diverses techniques telles que la peinture, le moulage, le dessin et la sculpture, je réalise des compositions de formes inspirées de motifs créés entre autres par l’eau en mouvement, la cassure d’une vague,
les empreintes laissées sur le sable à marée basse, ainsi que les écorces des arbres.
Les mouvements d’eau ont particulièrement alimenté mes recherches formelles. J’ai exploré la couleur en transparence en organisant et superposant des formes fluides sur de grandes surfaces, évoquant par métaphore la façon dont les choses s’organisent, ’’le flow’’, les rencontres, l’énergie qui se crée ou se perd, les mouvements sociaux, tout en menant une réflexion sur la relativité des choses.
L’eau en mouvement se définit visuellement surtout par ce qui l’entoure et lui impose ses formes et aussi ses couleurs, tels un moule ou un miroir.
Sur la batture du fleuve Saint-Laurent à Saint-Nicolas, j’ai réalisé le moulage de plusieurs fragments de cet espace sablonneux modelé à son tour
par le mouvement des marées. En atelier, j’ai élaboré des bas-reliefs en disposant sur un fond, des répliques de ces pièces où le vide s’affirme et invite
à la rêverie.
Dans un même attrait pour le motif organique, l’écorce d’un vieil arbre a motivé la suite de mon exploration. Des frottis avec un bâton de graphite sur papier autour de son tronc m’ont amené à explorer diverses essences d’arbres. J’ai ainsi créé de grands tableaux sur toile dans lesquels apparaissent des formes rappelant des mystérieuses calligraphies cursives semblant évoquer des scènes racontées par l’arbre lui-même, voire ses propres mémoires.
En parallèle, je collabore avec l’artiste Sylvie Fraser depuis 2015 à la conception et à la réalisation d’oeuvres d’art publiques dans le cadre de la politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics. Cette collaboration m’a permis d’aborder la création en tenant compte des critères et des contraintes liées à l’élaboration de sculptures extérieures. J’ai ainsi pu me familiariser avec les notions plus techniques de structures, d’ancrages, d’équilibre, de pérennité des matériaux. J’ai eu l’opportunité de collaborer avec des spécialistes en soudure, peinture, transports, installation et particulièrement d’être initié aux méthodes de taille de la pierre avec le sculpteur Gilles Lauzé.
En 2024, j’ai été sélectionné pour réaliser une œuvre publique extérieure pour la MRC de Lotbinière dans le cadre du projet CULTIVER LE MOUVEMENT, reliant quatre haltes-vélos. Pour le village de Saint-Patrice de Beaurivage, poursuivant mon exploration des traces qui marquent le passage du temps, j’ai choisi d’utiliser une grosse pierre semblable à celles se trouvant dans la rivière longeant le parc et j’y ai gravé des empreintes de motifs inspirés de pneus de vélos.
Mon approche contemplative est constamment mue par mon intérêt pour la matière, l’exploration des matériaux et l’apprentissage de nouvelles techniques.