Mon intérêt pour les arts visuels s’est développé alors que j’étais jeune enfant. Mon évolution combinée avec la quête de mon intériorité a supporté ma recherche en art visuel. Plusieurs thèmes font partis de mon processus de recherche. Ce fut d’abord par une gestuelle automatiste que j’ai abordé la feuille ou la toile blanche. Une partie de mon âme s’étalait sur le support empreint d’acrylique et d’encre.

Très tôt le textile et les encre de couleur sont venus se greffer à ces éléments de base. Les encres ont été utilisées pour leur fluidité, leur mouvance, leur éclat et leur émanation qu’elles suscitent. J’ai utilisé la matière textile en l’intégrant directement dans l’œuvre ou pour créer des lieux. Partie intégrante de l’œuvre, elle crée une dynamique de profondeur et d’affectivité, elle rehausse des abstractions à tonalité émotionnelle ou accentue l’expression des sentiments de peur ou d’angoisse de mes personnages. Dans certaines expositions, j’ai organisé des univers dans lesquels le spectateur est envahi par la spiritualité du moment. Celui-ci devient alors partie et participant de l’œuvre.

Ma fascination pour la nature m’a amené à vouloir en transcender l’effervescence qui en émane et à m’innerver de l’âme des arbres distordus par les forces de l’univers. Les études en danse effectuée plus jeune me permettent à l’occasion de performances de reprendre les thèmes et les rythmes de mes tableaux en y intégrant la gestualité et le mouvement corporel. À cela s’ajoute des écrits poétiques.

 Mon intérêt pour l’ouverture de l’homme face à d’autres dimensions existentielles m’a entraîné à travailler sur l’impermanence, l’immatérialité, la transformation, l’échange, la communion et la communication. Il m’a porté à jeter un nouveau regard sur l’espace que l’homme s’approprie, le lieu qu’il habite, le lieu où le corps humain en transition est implanté, ceci pour susciter une réflexion ou créer un certain paradoxe. L’homme c’est aussi la souffrance qu’il porte ou réfute, il se définit par sa façon d’aborder cette souffrance qui est aussi le lot de son vécu. Sa souffrance est transcendée.

De par cette préoccupation j’ai délaissé temporairement la peinture afin de créer des univers dans lesquels s’amalgament des matériaux à l’état nature ou légèrement retravaillés, tels des racines, des écorces, des arbres morts trouvés en forêt et des matériaux transformés par l’homme ou issus de technologies. Le bois, le cuivre, l’émulsion photographique, le papier fait main, des radiographies d’os ou d’organes, des objets trouvés ou récupérés font parties de ces matériaux. Des installations intérieures/extérieures dynamisées par l’utilisation de bandes de tissus teints qui partent de systèmes d’éclairage pour traverser l’espace et aboutir à l’extérieur du lieu, soit en associant des objets dont la vocation est changée dans un lieu lui-même en transformation ou soit en utilisant la lumière qui réfléchit et offre une cadence de jeux lumineux. L’œuvre est sensible à son environnement, elle fait partie de celui-ci et devient de ce fait contextualisée. Le site et l’œuvre deviennent inséparables. Le spectateur s’en trouve imprégné et à son tour devient participant à l’œuvre.

La texture et la couleur ont toujours été dominantes dans ma recherche créatrice. Les photographies prises dans la nature ou d’installations faites dans la nature, ont également étayées mon support que ce soit le bois ou le papier. La gravure; technique que je n’ai cessée de perfectionner depuis de nombreuses années et qui me permet d’amalgamer les différents éléments de ma recherche contribue à mon enracinement. Ces dernières années je persiste avec les textures mais sous le jour nouveau de la gravure; la ligne est brisée, déchirée et je retrouve aussi dans la nature ces lignes inclinées, texturées et brisées.

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