Lettre ouverte : Arts visuels, numériques, interdisciplinaires, muséologie et métiers d’arts : complémentaires et solidaires
Lettre ouverte : Arts visuels, numériques, interdisciplinaires, muséologie et métiers d’arts : complémentaires et solidaires
Tout à fait solidaires des inquiétudes portées par l’ensemble du milieu culturel, nos organisations sont inquiètes du manque de financement aux arts et à la culture dans le budget du Québec 2024/2025. Cette absence de fonds substantiels a un impact retentissant sur l’ensemble des artistes, artisan·es et travailleur·euses culturel·les de nos secteurs, et sur la survie même des organismes qui les soutiennent.
Parents pauvres du milieu culturel, les arts visuels, arts numériques, arts interdisciplinaires, muséologie et métiers d’art reçoivent collectivement 4,3 % de la totalité du financement octroyé par le Conseil des arts et des lettres du Québec, et la Société de développement des entreprises culturelles, tous secteurs confondus. Au fil des ans, il apparaît un écart grandissant du soutien financier aux artistes, aux collectifs et aux organismes de notre secteur ; alors même que la plupart des activités sont accessibles gratuitement à l’ensemble des citoyen·nes, ce qui limite la capacité de développement des organisations, au profit des efforts déployés et nécessaires à l’accessibilité et au développement des publics.
Déjà affaiblis par la pandémie mainte fois mentionnée, par le manque de visibilité des artistes et de leurs œuvres, et par l’absence flagrante des arts visuels, numériques, interdisciplinaires, de la muséologie et des métiers d’art dans l’espace médiatique ; notre écosystème peine à améliorer et offrir des conditions de travail décentes aux artistes et aux organismes qui les diffusent et les soutiennent. Cette situation demeure l’une des plus précaires dans l’ensemble du milieu culturel.
Pourtant, nos secteurs ont une contribution culturelle, économique et sociale des plus importantes et des mieux représentées sur l’ensemble du territoire québécois. Ils facilitent tant l’intelligence créative et la diversité́ des pratiques artistiques, que l’économie locale, le tourisme ou la création d’emploi. Et, à l’instar de l’ensemble du milieu culturel, ils stimulent la fierté et le sentiment d’appartenance à la société québécoise.
Sa principale caractéristique figure dans un écosystème articulé en une chaîne courte de création de la valeur économique. En arts visuels, numériques, interdisciplinaires et en métiers d’art, la plupart du temps, les mêmes personnes remplissent toutes les fonctions de la chaîne. Les artistes et artisan·nes sont à la fois des créateur·trices qui conceptualisent et fabriquent, des producteur·trices et des diffuseurs qui exposent et vendent eux-mêmes une grande partie de leur production. Et ce sont aussi elles et eux qui effectuent les fonctions de gestion et de formation, qui dans une chaîne longue sont occupées généralement par des travailleur.e.s culturel.le.s : enseignement, diffusion, médiation, gestion, vente, etc. De ce fait, il y a relativement peu d’organismes de soutien dans notre secteur, ce qui a un impact direct sur l’économie du domaine.
Face à ces considérations spécifiques, nos organisations appuient les revendications collectives du milieu culturel, et demandent une augmentation significative des budgets de la Culture au Québec, créatrice de valeur et d’identité collective. Elles s’attendent également à ce qu’un support économique plus adapté aux réalités vécues par le secteur des arts visuels, des arts numériques, des arts interdisciplinaires, des métiers d’art et de la muséologie soient entendues.
Signataires :
Catherine Bodmer, directrice générale, Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec – RCAAQ
Camille Cazin, directrice générale, Regroupement des artistes en arts visuels – RAAV
Stéphane Chagnon, directeur général, Société des musées du Québec – SMQ
Anie Deslaurier, directrice générale, Association des galeries d’art contemporain – AGAC
Sonia Pelletier, directrice générale, Regroupement de pairs des arts indépendants de recherche et d’expérimentation – REPAIRE
Julien Silvestre, directeur général, Conseil des métiers d’art du Québec – CMAQ