du mercredi 17 au dimanche 28 janvier 2024
Vernissage le 17 janvier à partir de 17h
Deux ans après sa dernière exposition, Rafael Sottolichio revient avec une nouvelle série de 8 grands tableaux carrés peints entre 2021 et 2023. Trente ans après sa première exposition à Montréal, aux Foufounes électriques, le peintre nous offre une série qui se veut une remise en question de ses procédés, de son langage. Exposés pour la première fois, les tableaux se présentent comme une confrontation d’éléments opposés. Les différents gestes, taches et manières de peindre oeuvrent à concentrer «l’énergie» du tableau, à créer une composition spontanée et centrée. Affichant des motifs variés, les fonds donnent à chaque tableau une atmosphère différente. Gestes, contours dessinés, empâtements colorés sont tirés de tableaux de différentes époques. La série revisite ainsi différents moments de la pratique de l’artiste en citations : paysages et décors de théâtre se retrouvent incorporés dans les compositions.
L’élément déclencheur de cette série, banal comme la vie, est la longue maladie et le décès de la mère de l’artiste puis le deuil qui s’en suivi. Dans une pratique soutenue, organisée par projets successifs, qui suit une trajectoire cohérente depuis 30 ans, les drames récents viennent perturber l’ordre et évacuer tout le reste. La pratique de la peinture, la personnalisation de la démarche, la quête de visibilité constituent le quotidien de l’artiste mais semblent dénuées de sens devant le vide laissé par un drame.
Né du désir vain de donner du sens à ce qui n’en a aucun, les tableaux ont été créés sans «programme». Travaillant habituellement avec des textes inspirants, en relation aux sciences humaines (Empire, de Hardt & Negri, 2000, qui évoque les mutations financières de la fin du 20e siècle, série peinte en 2021) ou à des oeuvres littéraires (King Lear, de Shakespeare, série de 2011, ou La chute, de Camus, série de 2008), cette série a trouvé dans l’idée de l’ordalie un sens, un agencement, convenant et poétique.
Le terme ordalie désigne un jugement divin par les éléments. C’est une très ancienne forme de jugement où l’accusé.e doit subir une épreuve dont l’issue est souvent sa mort. Dans sa forme la plus courante, l’ordalie est un duel à mort. Mais des versions cruelles ont circulé qui racontent la terrible réalité des mondes de superstition. Ainsi l’épreuve du feu, où l’accusé.e doit prendre des tisons brûlants dans ses mains et guérir miraculeusement pour prouver son innocence. Ou encore l’épreuve de l’eau où une femme accusée de sorcellerie doit couler dans l’eau glacée pour prouver qu’elle est innocente, et par là même, mourir. Les notions d’épreuve et de destin tragique que contient l’ordalie semblent faire écho aux épreuves absurdes auxquelles nous sommes soumis.
C’est une ode à la peinture et au dessin qui tente de rendre toute la violence et la tristesse d’une épreuve dont on ne sort pas indemne, la vie.
L’artiste sera présent tous les jours pour accueillir les visiteurs.
À propos de Projet Casa
Projet Casa est une initiative du couple d’amateurs d’art visuel contemporain Danielle Lysaught et Paul Hamelin. Ils ont acquis en 2019 une demeure bourgeoise sur l’avenue de l’Esplanade, l’ancien B&B Casa Bianca, et ont fait le choix de dédier les pièces du rez-de-chaussée à une vocation culturelle en invitant des expositions et autres événements artistiques.
L’objectif est de favoriser une rencontre intime et conviviale avec des œuvres actuelles et les artistes en profitant du caractère chaleureux de l’espace.
Le calendrier de Projet Casa enchaîne des événements de courte durée (moins d’un mois) et privilégie les questions actuelles sur les enjeux de notre société.
Ordalies est la 34ème exposition présentée à Projet Casa depuis juillet 2020.
Projet Casa
4351 av. de L’Esplanade, Montréal, H2W 1T2
heures de visite :
jeudi-vendredi, midi à 19h
samedi-dimanche, midi à 17hd