Après trente ans de carrière dans les technologies de l’information et des communications, j’ai démissionné en 2021 pour me dédier entièrement à mon art, lequel je pratiquais déjà les soirs et fins de semaine.
Artiste autodidacte, je considère ma pratique comme un acte de résistance; une résistance aux surfaces en verre noir ou en plastique blanc d’une froide modernité; une résistance à l’oppression de la standardisation, de la monétisation, de la corporatisation et des indicateurs de performance.
Mes influences sont doubles : une appréciation pour la désintégration matérielle des anciens espaces industriels qui disparaissent rapidement sous les bulldozers de la gentrification, alliée à une fascination pour les formes, la géologie et l’écologie des blocs erratiques, ces rochers charriés puis déposés par les glaciers qui couvraient l’Amérique du Nord il y a 10,000 ans. En bref, un attrait pour les effets du temps sur le matériel, naturel ou manufacturé.
Ma pratique actuelle est avant tout plastique et abstraite, vouée à des explorations de formes et de volumes, ainsi qu’à la matérialité même de l’argile. Utilisant une argile rouge fortement chamottée, j’emploie des techniques telles que le pincement, le galettage et le colombinage. Ensuite, je travaille longuement mes surfaces pour créer de fortes textures. Je superpose divers lavis d’oxydes et de sous-glaçures, et j’utilise des pochoirs faits maison. Une pièce pourra être ré-émaillée et recuite à plusieurs reprises pour atteindre l’effet voulu.
Bien que je sois avant tout céramiste, je n’hésite pas à emprunter des matériaux et des techniques à d’autres domaines. Une œuvre pourra incorporer des morceaux de ferraille récupérée sur un terrain vague près de chez moi, des éclats de pare-brise provenant du garage du coin, de la farine de roche venant de l’atelier d’une sculpteure sur pierre, ou encore des billes de gel de silice provenant d’emballages que je récupère. J’applique aussi du flocage commercial ou de la peinture pour graffiti afin de renforcer les contrastes de mes oeuvres – et parfois même, je leur insuffle une petite pointe d’esprit frondeur.
Finalement, je suis pigiste pour la revue américaine Ceramics Monthly, pour laquelle j’écris des entrevues et des articles de fond.