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Philippe Mastrocola

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Le travail abstrait de Philippe Mastrocola prend principalement son inspiration dans la nature essentielle du mouvement. C’est par une incarnation dans le corps et dans les formes vivants qu’il tente de mettre en mouvement qu’il trouve sa joie et sa force. Un mouvement du pinceau est en fait la suite du mouvement précédent, une réponse au geste précédent. En somme, il est question, dans le travail de Philippe Mastrocola, d’une réaction en chaîne : les couleurs lui parlent et lui, comme un serviteur, obéit à leur harmonie chuchotée. 

Philippe Mastrocola est un artiste indépendant né à Montréal en 1986. Depuis son enfance, il est intéressé par les arts mais il lui a fallu du temps pour réellement considérer cette voie comme une carrière tangible. Aujourd’hui, Philippe s’identifie comme artiste visuel avec une approche abstractionniste. Son identité artistique s’est définie après avoir de nombreuses expérimentations depuis son adolescence.

Vers l’âge de 17 ans, alors qu’il est plongé dans le sport et l’admiration des œuvres d’art,  Matthew, un de ses amis lui fait découvrir la quantité innombrable de graffitis sur les murs de Montréal. Ce moment marque les débuts de la fascination de Philippe pour cette forme d’expression. Peu à peu, il apprend à utiliser la bombe de peinture, il sketche et dessine ses lettres en s’appliquant à comprendre les combinaisons de couleurs. Le graffiti devient central dans sa vie de jeune artiste et Philippe se laisse submerger par son art. Au bout d’un moment, alors qu’il évolue dans la vie et trouve ses lieux de prédilection, Philippe rencontre le graffeur Waster12 qui devient rapidement un ami très cher, avec beaucoup plus d’expérience en graffiti et une grande maîtrise de ses outils. À ses côtés, Philippe Mastrocola va apprendre en prenant le temps de comprendre les techniques de lettrage ainsi qu’à sélectionner plus précisément ses couleurs. Waster12 est plus qu’une inspiration, il est aussi un mentor dans la vie de Philippe. Malheureusement, en 2006, Waster12 décède et laisse dans la vie de Philippe un grand vide ainsi que des interrogations, des doutes vis-à-vis de la vie d’artiste que Philippe s’apprête à mener. En même temps que son désir de peindre des graffitis s’amenuise, il développe un désir de créer des œuvres d’art différentes.

Malgré l’énergie qui pousse Philippe à se plonger dans la vie de graffeur, il découvre rapidement qu’il a besoin de plus en tant qu’artiste, plus que ce dont il a l’habitude : tracer ses lettres, laisser sa marque sur le paysage mural montréalais. Ayant soif de connaissance, Philippe prend le temps, année après année, de s’éduquer sur l’état des Arts et sur les différentes possibilités qui s’offrent à lui en tant qu’artiste. Un an après la disparition de son ami, Philippe Mastrocola décide de reprendre ses études à l’Université Concordia, d’abord en se concentrant sur la création en studio puis vers une éducation artistique plus traditionnelle. Ce choix l’aide à rafraîchir sa perspective sur sa création ainsi qu’à négocier son style et ses envies dans le but d’évoluer et de développer encore plus sa passion via l’expérimentation de différents matériaux et médiums.

Avec le recul, Philippe exprime une réelle gratitude pour cette période de sa vie, un moment pour redessiner ses désirs d’aller au-delà du graffiti tout en gardant près de lui tous les apprentissages accumulés lors de ces années-là. Lorsqu’il était étudiant à l’Université Concordia, Philippe Mastrocola découvre la photographie en sténopé, il fabrique ses caméras à l’aide de bombes de peintures vides qu’il perce pour laisser passer la lumière. En effet, photographier les murs et les différents environnements urbains pousse Philippe à ralentir son processus de création. Cette démarche de documentation des œuvres éphémères convenait à étendre la durée de vie de ces expressions artistiques, de leur donner une nouvelle vie au-delà des murs et des mouvements urbains. Prendre le temps de photographier, laisser faire le temps d’exposition et créer les compositions entraîne Philippe à ouvrir son regard vers les ombres ignorées jusque là. Autrement dit, la photographie en sténopé représente une étape dans le développement de nouvelles compétences ainsi que l’arrivée d’une nouvelle approche dans son art, plus lente et plus ancrée sur l’observation.

Pendant les étés 2011 et 2012, Philippe se concentre sur la photographie et passe ses jours et ses nuits dans une chambre noire construite dans le sous-sol d’une amie artiste. Profitant de cet espace improvisé dans le studio de peinture de son amie, Philippe et Matthew créent de nouvelles oeuvres, notamment des toiles qui représentent aujourd’hui les prémisses de son travail de peinture abstraite.Ces moments sont importants pour comprendre la pratique contemporaine parce qu’ils ont cristallisé d’une certaine manière son appétit pour l’exploration, son goût pour la poursuite d’expériences et son amour pour le processus de création en lui-même.

C’est à peu près à ce moment-là que Philippe Mastrocola prend la décision définitive de s’éloigner du graffiti pour se concentrer sur l’art abstrait. En 2012, il réalise sa première murale sur la rue Duluth, une œuvre qui lui vaudra une couverture médiatique encourageante pour la suite de son parcours. Avec cette murale, un momentum est créé, énergie qui le propulse et l’encourage à continuer dans cette voie. Depuis, il peint des murs et des toiles, alternant les médiums et les techniques en gardant toujours son travail dans un mouvement vers l’avant.

Au cours de sa vie artistique, Philippe a eu la chance d’expérimenter sa pratique à travers le monde, de Montréal à New-York en passant par Miami. En rencontrant des membres de la communauté graffiti internationale, il évolue personnellement et artistiquement. En peignant dans différents environnements et en collaborant avec des clients vraiment passionnés par son approche, Philippe Mastrocola n’hésite pas à prendre toutes les opportunités pour apprendre en peintre, sans jamais s’arrêter d’apprendre.

Pour ses projets futurs, Philippe Mastrocola souhaite travailler davantage avec la corporalité des éléments naturels tels que les feuilles et fleurs, faisant se rencontrer sa pratique de la photographie et de la peinture en utilisant le corps humain comme une toile et les végétaux comme de la peinture. Cette forme d’art permettra de créer une communication entre les natures humaines et végétales. En effet, cet aspect du travail de Philippe met en valeur sa relation avec les patterns existant dans les mondes de la nature, ancré dans sa recherche de compréhension du mouvement dans les environnements terrestres. Par ailleurs, dans la prolongation de ses explorations de couleurs, Philippe envisage de créer ses propres pigments. Ce souhait émerge du plaisir qu’il prend à donner de nouvelles significations aux tons et à leurs symboliques. Cette étape dans son travail lui permettra de contrôler les nuances et d’ouvrir sa pratique à une relation plus proche avec son médium. Ce processus prend vie dans une relation avec la terre très profonde, une cueillette en nature des plantes et une reconnaissance de sa place parmi le tout. En effet, les pigments étant extraits du monde naturel font partie de l’environnement que Philippe Mastrocola tente de saisir à travers ses œuvres, dans toutes leurs profondeurs et leur diversité. Au sein de ses inspirations, nous pouvons trouver l’artiste-plasticien Andy Goldworthy qui travaille avec des matériaux naturels avec lesquels il construit des formes et donne une seconde vie aux éléments végétaux et minéraux qu’il trouve dans ses explorations.

Le RAAV est l'association représentative des artistes en arts visuels du Québec

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