Né en1973 à Bucarest, Costin Tuta a toujours ressenti une puissante attraction envers l’ART. Costin Tuta a été accepté en 1990 par le prestigieux Collège d’Art “N. Tonitza”. Quelques années plus tard il est admis a l’Académie Nationale d’Art, “N. Grigorescu” dont il finit chef de promotion Magna Cum Laude en l’année 2000, spécialisation dessin académique et gravure. Pendant les prochaines années il poursuit une Maîtrise en Beaux Arts dans la même institution. Lors de son l’arrivée au Québec une équivalence canadienne des études a été obtenue de la part du Gouvernement.
Enraciné dans l’attirance affective pour l’environnement naturel et filtré à travers l’aspect culturel de l’éducation, le processus créatif tends à être plutôt conceptuel. L’art n’est pas observationnel mais un effort d’absorption/gestation/naissance. Il porte en lui, d’un côté, l’élément physique dont il est témoin, et de l’autre, une pièce singulière de la substance créatrice de l’artiste. Des années d’études universitaires viennent organiser et peaufiner cette structure créative sacrée qui se présente comme un espace intérieur sûr qui protège et nourrit l’âme.
Il y a deux composants distincts dans le processus. L’aspect physique du matériau artistique ciselé et perfectionné au cours de longues années d’expérimentation, la familiarité avec le médium alimenté par une curiosité sans fin et une expérimentation complétée ou complimentée par le processus interne trans-mental – le subconscient. D’une manière véritablement jungienne, le subconscient est le principal moteur invisible qui façonne et définit les éléments de la création. L’ensemble du processus est en grande partie obscurci à l’esprit conscient, étant tributaire principalement de l’inspiration, de la rêverie, de la rêverie, du «flux».
Alors que l’artiste avait été pleinement immergé dans la veine artistique de la société au cours de ses années formatrices, une fois le processus d’immigration commencé, l’élément pragmatique de survivre à une nouvelle société devient prioritaire. Des années après l’arrivée au Canada, la création artistique continue d’être entravée par l’absorption dans le «travail» quotidien matérialiste.
L’artiste est dans une recherche constante et soutenue de développement de nouvelles techniques. De nouvelles méthodes et outils sont envisagés ainsi que des formes d’expression plus traditionnelles – brevetant de nouvelles façons d’appliquer le pigment sur le support, méthodes de gravure utilisées de manière non conventionnelle et utilisation complémentaire de la menuiserie pour modifier sculpturalement les supports. Dans des références plus concrètes, plusieurs trajectoires principales existent : Grandes peintures/monotypes, gravures et installations.
Chacune des idées créatives tente d’être expérimentée dans un nouveau contexte. Associer des techniques autrement sans rapport, la peinture directe avec la gravure ou une utilisation moins conventionnelle du support bois en le modifiant/taillant. Chacune des démarches artistiques vient compléter une autre facette du prisme à travers lequel l’artiste explore la structure subtile de l’environnement, afin d’acquérir une compréhension plus
«vraie» de la nature.
La peinture directe grand format + monotype
Essentiellement, le processus de création commence par une observation analytique académique de la nature au moyen d’études apparemment «réalistes» (utilisant principalement des dessins au fusain). Cependant, lors d’une inspection approfondie, on se rend compte que même le dessin le plus reproductif naît dans l’esprit subconscient. Le raffinement expressionniste de chaque élément dans des champs géométriques très simples s’organise pour recomposer la structure véridique du morceau de réalité étudié. En fait, une traduction à travers le subconscient du monde observable vers une forme destinée à conduire à une meilleure compréhension d’un tissu plus essentiel de la réalité. Plus tard, l’étude dite académique est caché partiellement par l’application ultérieure de couches de pigments par diverses techniques d’estampage ou de peinture. Cette étape est généralement réalisée à base de pigments purs, de résine acrylique et de couleurs ou d’application de feuille d’or.
Ces formes superposées s’inscrivent dans une vision artistique plus abstraite. Des pièces industrielles géométriques ainsi que des éléments scientifiques plus théoriques (variétés multidimensionnelles, générées par ordinateur) viennent déformer ou occulter les structures organiques animales ou végétales. C’est une référence subtile à la bataille perpétuelle entre le désir de l’homme de contrôler l’ordre environnemental et la force imparable de l’entropie.
La gravure
La gravure est principalement utilisée pour avoir une perspective complémentaire qui conduit à comprendre les vecteurs de composition et ainsi repousser les limites de l’exécution des pièces de grand format. Néanmoins, le produit final devient une œuvre d’art qui peut être considérée comme autonome.
Produisant principalement des estampes manuelles en relief sur bois, l’artiste expérimente deux techniques majeures – la technique occidentale, expressionniste, de couleur unie / appliquée au rouleau et celle japonaise bokashi avec son application de pigments transparents et ses dégradés translucides. Ces techniques plus strictes et laborieuses peuvent, parfois, déterminer une meilleure compréhension des aspects compositionnels.
Les installations
Ayant des connaissances avancées en menuiserie et construisant ses propres supports l’artiste peut remodeler le support. Le support lui-même devient un énoncé utilisant l’installation comme forme d’expression.
Largement façonné par des expériences affectives, l’objet/modèle initial inspiré de la réalité est cependant rapidement dépassé une fois que l’artiste s’est immergé dans un subconscient plus profond. Des sujets comme de jeunes corps humains ou des éléments naturels comme des poissons ou des graines ne sont qu’un prétexte pour l’artiste pour percevoir un aspect plus cosmique de la réalité. Les formes, les couleurs et les textures ne sont qu’un prétexte pour déclencher le dialogue entre conscient et imaginaire dans une démarche parfois expressionniste ou surréaliste. Le but ultime est de véhiculer un langage plastique inconscient qui ne se soumet pas à un arsenal de signes secs et maîtrisés. La pièce finale ne devrait être rien de moins qu’une entité visuelle dans son propre champ d’énergie que le spectateur peut absorber s’il est ouvert à la compréhension du dialogue.
La destruction industrielle, la rupture entre les mondes, l’entropie sont des concepts qui alimentent véritablement le processus artistique. C’est un effort sans fin pour traduire la réalité intérieure de l’esprit de l’artiste – les ‘’qualia’’ individuels en un “objet” plus facile à comprendre qui est introduit dans le paysage socio-artistique de la communauté.
L’artiste admet dès le début que le travail doit être laborieux car quelle-que soit la technique choisie, ce qui est d’une importance primordiale est l’énergie évoquée dans la pièce qui devient vivante. L’aspect hypnotique de l’œuvre vise à faciliter la connexion du spectateur avec lui-même. L’objectif est de rapprocher la société de son état archétypal naturel et initial équilibré.
Des coups de pinceau qui peuvent sembler parfois trop grossiers sont issus d’un subconscient avide d’explorer sans cesse de nouveaux langages plastiques par opposition à un mode d’expression prédéfini, prévisible et égocentrique.
L’expérience sociale difficile et inhérente vécue par la personne vivant dans une société surpeuplée et parfois indifférente devient une révolte qui se transforme en énergie créatrice, en un processus artistique fougueux. En fin de compte, le but est de sublimer la rage en beauté visuelle. En manipulant une variété de contrastes, l’intention de l’artiste n’est pas de faire appel à une valeur sentimentale du spectateur mais plutôt au rythme interne, à l’harmonie perdue du spectateur.